20:30. Mon dessert fini, je m'attaque tranquillement au magazine reçu quelques heures avant, quand le téléphone sonna. Une sonnerie, deux, puis trois. Je soupire, je n'avais vraiment pas l'envie de parler à qui que ce soit. D'un rapide coup d'oeil, je remarque que c'est un numéro inconnu. Tant pis, mon père s'en chargera. Puis j'attends un "allô ?" dur et grave venant de la voix de mon père, dans la pièce d'a côté. Je souris machinalement. Je l'entends vaguement discuter sans réussir à comprendre une seule parole. Puis sa voix s'intensifie, j'imagine alors qu'il s'approche de moi. Je masque mon visage avec mes cheveux et me cache derrière mon magazine. Non, l'envie de parler à quelqu'un m'insupportait. Puis je compris enfin ce qu'il dit : "... ma fille à quinze ans, elle se fera un plaisir de répondre à votre interview". Non, non non ! Je lui réponds de suite que je ne veux pas, ils m'ont déjà appellés la veille, leur questions sur l'électroménager je m'en tamponne l'oreille avec une savate. Puis je surprends mon père répondre à deux centimètres du combiné "allez Lore, bouge toi. Il est payé pour ça le pauvre". Déçue, je prends le combiné et lâche un "allô" qui signifiait bien que je m'en fichais. La personne à l'autre bout du fil s'excusa alors du dérangement -elle m'avait effectivement entendue... Je pique un fard-. Qui était cet homme à l'autre bout du fil ? Je décroche de la conversation. Cette voix... Cette voix si grave, mais en même temps mélodieuse, je l'imagine se gratter le crâne, désolé de cet appel. Je bafouille, réponds qu'il n'y a pas de soucis, j'ai tout mon temps. Toujours surprise, j'avalais ses mots avec tendresse, j'écoutais tout, je me fis un plaisir de répondre à ses questions en rigolant, laissant passer de la décontraction plutôt que de l'énervement. Je me déplace jusqu'à ma chambre, j'avais besoin d'intimité. Je me regarde dans le mirroir, surprise de constater que mon cou et certaines parties de mon visage avait virer au rouge écrevisse, je me rendit compte à ce moment à quel point j'étais émotive à un stupide appel. Je l'accorde, il avait une voix totalement craquante, la plus belle voix jamais entendue. Mais de là à virer au rouge cramoisi, c'était quand même surprenant. Puis les minutes passèrent, les questions s'enchaînèrent. Je fis quelques gaffes au téléphone, ce qui le renda hilare à plusieurs reprises. Quel effet ça faisait d'entendre cet homme rire ? L'émotion me submergea encore, et je sentit la chaleur de mes joues s'intensifier. Puis l'une de ses dernière question était mon e-mail. "Voulez-vous être recontactée pour ses interviews ?". Sans hésiter, je dis oui et lui donna mon adresse e-mail, épellant chaque lettre avec précision. L'idée de foutre un "au" au lieu de "o" dans mon prénom me fit peur. Il répéta et avec assurance je lui dit que tout était correct. Cet appel se finissa sur un "bonne année 2010, bonne santé, beaucoup d'amour et bonne soirée mademoiselle". Un frisson me parcouru tout le corps. Je le remercia et il raccrocha. Bouleversée, je regardais mon téléphone me laissant perlexe sur le "bip, bip". 17 minutes. Je souriais, ravie. Puis je replaça le téléphone devant ma mère, qui était horrifiée à la vue de mon visage. "Lore, tu es tellement émotive ! C'était juste un appel !" Je sais maman, je sais. Je suis incorrigible...
...et tellement conne, putain.
